Le sujet que je vais développer a partir d’aujourd’hui répond tout autant à la «
fabrication » possibles des tetraquarks
présentée dans mon article d’avant-
hier
, dans « Le Monde selon la physique » dec 2017 qu’à des commentaires ou questions de lecteurs ( JEHMS) sur la synthèse de particules plus lourdes ……Très
schématiquement exprimé , cela se résume à ce problème : comment
procéder pour donner une masse plus lourde à une particule
X ……. et à laquelle inversement j’ajoute : comment se produisent
les déconstructions et plus
encore les annihilations de
particules ….
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Ne désirant pas parler des caractéristiques des types de synthèse réalisées par l’univers spatial, dans la nucléosynthèse primitive , les nucléo -synthèses stellaires et les divers processus de spallation ( CE
QUI NOUS MENERAIT TROP LOIN ,)je vais
m’en tenir à ce qui peut constituer l’objet
des études réalisables en
laboratoire ou dans des installations d’études spécialisées a l’heure actuelle ….Par ailleurs , ne venez pas chercher
aujourd’hui ICI une réponse à la question que l’on me posait le mois
dernier quand de la matière
rentrait dans un trou noir ou
dans une étoile à neutrons ou dans un
quasar ou un pulsar et ce qu’ elle
devenait ….
.Commençons à traiter la 1 ère partie…….
Historiquement la synthèse d’éléments plus lourds
a commencé dans la décade 1930-1940
par la découverte faite en France
de la radioactivité artificielle et des phénomènes de transmutation par Fréderic et Irène JOLIOT CURIE …Ces
physiciens et les suivants ont
travaillé avec les petits moyens de l’époque ( « à la fortune du
pot » !) essentiellement avec
des sources naturelles émettrices
de particules alphas et d’électrons
….Bien entendu les moyens modernes font
appel à différents types de
particules ou à des réacteurs de types spécialisés et permettant des niveaux d’activation ou d’irradiation
bien plus importants
Traitons d’abord la questions des noyaux ( nucléons)
Pour rester schématique
le principe de création d'un noyau plus lourd est simple. Mais sa mise en œuvre est
souvent complexe et le taux de réussite
extrêmement faible….. Prendre un atome qui en bombarde un autre de sorte que
les deux noyaux fusionnent, nécessite que
la cible soit plutôt choisie déjà
lourde et le projectile plutôt plus léger.
Par exemple , il
faut monter une manip où un atome de titane (Z=22)projectile , doit
fusionner avec un atome de berkélium (97) cible, pour arriver à créer l'élément 119 (22+97).
Pour améliorer la
probabilité de réussite des milliards de tirs
peuvent souvent s’avérer être
nécessaires pour espérer un tir au but
….Et après il faut détecter cet événement parmi des milliers d'autres…..Et
si le temps de vie de l'élément est
très court il est plus que probable
qu'il ne sera pas caractérisé chimiquement. Donc il faudra refaire la
manip N fois ! En fait, c'est
souvent par l'observation de la famille des éléments créés
par la désintégration du noyau synthétisé mais trop vite disparu , qu’on pourra remonter jusqu’à lui…….
Quelques mots sur la cause de ces difficultés : dans la
collision initiale, les particules doivent s'approcher suffisamment près pour
que la force nucléaire forte (d'un rayon d'action très réduit : moins de 2 fm)
puisse entrer en jeu. Mais comme les particules nucléaires ont normalement des
charges positives par leur ionisation de mise en œuvre , elles doivent alors surmonter une répulsion électrostatique
considérable. Même si le nucléide cible fait partie d'un atome neutre, l'autre
particule doit s'approcher du noyau de charge positive. Par conséquent, il faut
d'abord accélérer les projectiles à haute énergie .Ce sera par exemple, par :un accélérateur de
particules ou par la production d’une
température plasmatique très élevée,
quelques millions de degrés, produisant des réactions thermonucléaires, de type
centro-stellaires. …
Sans traiter le problème dans ses aspects théoriques , on peut facilement concevoir que l’utilisation d’un fournisseur d’énergie tel qu’ un accélérateur augmentera l’énergie cinétique et aussi la vitesse des particules projectiles …. Sans nécessairement augmenter énormément les probabilités de chocs ,sur cible fixe, puisque la valeur de section de capture et de
la densité des nucléons de celle-ci intervient alors ….Donc les chocs élastiques interviendront peu dans les transferts d’énergie alors que les chocs inélastiques augmenteront les probabilités d’obtention de particules plus lourdes ….En
revanche on peut présenter aussi des projectiles mobiles sur des cibles mobiles déjà
porteuses d’énergie …... Ceci vous explique par exemple pourquoi les expériences CERN ont commencé par des chocs de
jets opposes d’électrons-positrons au LEP pour se
poursuivre par des chocs protons- protons au
LHC ou aussi par des cibles
mobiles de Z lourds ……
Quelques détails supplémentaires :
Le choc de front de deux faisceaux de particules de sens opposés libère toute l'énergie cinétique acquise lors
de l'accélération et si on réussit
à faire entrer en collision deux
particules opposées, chacune ayant
l'énergie E, l'énergie dans le centre de masse sera égale à 2 E. Mais la
densité des particules dans un faisceau
d'un accélérateur est beaucoup plus faible que la densité des noyaux dans une
cible fixe. Donc pour obtenir un taux d'interaction décelable, il faut disposer
de courants accélérés très intenses, et
en même temps développer des techniques
de stockage et d'accumulation des faisceaux etc ….. Les recettes ne font pas
partie de cet article…
.
Un de mes correspondants
m’a demandé ce que deviennent ces
électrons ou protons ou TOUS autres projectiles hyper accélérés.
Avant le choc ,ils accumulent un
niveau d’énergie renseigné par les formules
d’Einstein ….Par exemple l’énergie d’un électron très relativiste de rapport v/c de 0,999 sera multipliée par un facteur 21 par rapport à son état « repos »v
=0 …Mais il gardera même spin et même
charge électrique ….. Si donc vous envisageriez de produire des muons (sortes d’électrons lourds) ainsi , vous n’y arriveriez pas car le rapport de
masses à v=0 est déjà 207 fois plus grand
……Il faut monter une manip différente
( les muons ont été découverts à partir des rayons cosmiques ) avec
des chocs de
faisceaux de particules plus
lourdes que l électron ….. et
SURTOUT savoir sélectionner et isoler
après les muons produits ….
JE VOUS PARLERAI LA
PROCHAINE FOIS DE TOUS CE QUE LE PHYSICIEN A SU CRÉER ARTIFICIELLEMENT AUTOUR DES ISOTOPES STABLES ET EN
VOICI LA PHOTO TRES COMPACTIFIÉE !!!
.
PS / Je ne traite pas
ici du problème industriel de la fusion
de l hydrogène , telle que par exemple dans les tokomaks ou
sur ITER et pas davantage des fusions de type militaires ( bombe H)
A SUIVRE
Bonjour Olivier.
RépondreSupprimerEt merci de reprendre vos explications.
En arrière-plan de ma question, il y a, en effet, un étonnement : ce qui m'intrigue, c'est le fait que le nombre de noyaux différents possible soit limité, dans la nature, à environ une centaine.
Je me demande quels mécanismes font que cette limitation existe.
Pourquoi pas - face à l'immensité de l'univers - beaucoup plus d'atomes que ceux que nous connaissons ? Avec, évidemment, de la matière nouvelle, et des propriétés nouvelles ...
Est-ce le résultat d'un simple équilibre de forces indéterministes - et lesquelles ? Ou bien, est-ce que, au bout du compte, "trop de matière tuerait la matière" ? ...
(En quelque sorte, avec cette petite centaine d'atomes différents, pourrait-on penser que la nature a suffisamment de "notes" à sa disposition pour "jouer" toute sa partition ?)
merci de votre intérêt Jihems .... Mais n oubliez pas que ceci n est que le début du sujet et qu'à votre question de particules plus nombreuses il y sera peut être répondu plus avant ..... Je n ai pas oublié le probleme de la matière noire , ni les présentations de deux de nos correspondants et d autres hérétiques , (la pré matière ,l' univers des tachyons et l' univers des cordes etc ) .....Sur vos questions philo de l indéterminisme de l univers et de son état métastable , je répondrai à part ......
SupprimerA BIENTÔT LA SUITE;;;